Concours « J’ai quelque chose à dire ! »
Catégorie « Grand public »
Mention
François Langlois
Mon plus beau cadeau
Pour l’anniversaire de mes 8 ans, j’ai été
peu surpris de recevoir en cadeau une carte d’abonnement à la bibliothèque
municipale. C’était la façon pour mon père de me dire que j’étais dorénavant
assez grand pour l’accompagner lors de ses visites hebdomadaires dans ce haut
lieu du savoir. J’ai été longtemps un abonné assidu à la bibliothèque de la
ville. Que d’heures de plaisir savourées à parcourir ces livres aux multiples
gabarits disposés sur les nombreuses tablettes en bois vernis! Chaque lecture
me faisant vivre des aventures rocambolesques et tellement captivantes.
Quels beaux moments que ceux de vivre cette
complicité avec un livre ! Moments de rêverie de mon enfance, me laissant
croire de brefs instants que je pouvais être fort comme Tarzan ou rusé comme
Hercule Poirot. Moments magiques d’aventures qui me transportaient dans des
contrées lointaines et inexplorées. Ainsi, pour peu que l’on se laisse prendre
au jeu par la prose de son auteur, nous pouvons découvrir à travers les
péripéties de ses acteurs, toute la beauté des régions exotiques où évoluent
les personnages des histoires racontées. Quel lecteur n’a pas su imaginer la
mystérieuse lande brumeuse de l’Écosse décrite dans un roman d’Agatha Christie ou
encore, découvrir les paysages mythiques de la Chine traditionnelle relatés magnifiquement
par l’auteure eurasienne Han Suyn!
Quelle délectation que de s’approprier un
livre ! Chaque livre étant différent en soi. Chacun ayant sa personnalité
propre. On le retrouve quelques fois, gros, petit, mince, épais, et d’autres
fois plus large, étroit, lourd, léger, nouveau ou ancien. Sa couverture reste
unique. De couleur variée, la jaquette peut être souple ou rigide, cartonnée ou
plastifiée, lisse ou rugueuse, agrémentée d’une écriture imprimée en aplat, gravée ou bosselée. Et que dire
de la puissance subtile de son odeur qui, à elle seule, peut nous faire revivre
des souvenirs que l’on croyait perdus, enfouis à jamais dans notre mémoire ?
Car les livres ont du vécu qui se découvre par l’odorat. Prenez un livre dans
vos mains et humez-le, tel un bon vin. Ouvrez l’ouvrage et faites ventiler
doucement les pages entre votre pouce et l’index. Il s’y dégagera une odeur d’encre nuancée en
fonction du type de papier servant de support à l’écriture, du temps et du lieu
de son entreposage. La souplesse de ses pages changera en fonction de la
qualité du papier utilisé dans sa fabrication, de son âge ainsi qu’à l’humidité
de l’air ambiant dans lequel il aura reposé.
Bien sûr, le livre n’est qu’un support en
soi. Mais, il s’est affirmé à travers les siècles comme témoin privilégié de l’accumulation
du savoir du genre humain. Tel que nous le connaissons, le livre a un peu moins
de 600 ans d’âge.
Tout dernièrement, les bouleversements
sociétaux occasionnés par l’arrivée de l’ordinateur ont eu comme conséquence la
mise en marché d’un nouveau support en format numérique qui semble s’implanter
inexorablement dans notre vie de tous les jours. Cette nouvelle révolution
technologique facilitera très certainement une plus large diffusion de nos
connaissances et de l’information à l’ensemble des habitants de la Terre, notre
nouveau village global. Nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais ce média ne
pourra jamais remplacer le livre, tout comme le livre a rendu désuet son
ancêtre le codex, forme d’expression littéraire composée de pages reliées du IVe siècle. Car il faut bien le dire, le
caractère technique, froid et impersonnel du format numérique, quoique
convivial et indéniablement utile à notre civilisation contemporaine, ne saura
à jamais dégager autrement que mécaniquement la chaleur ressentie de l’osmose
intime, quasi viscérale, entre le livre et son lecteur.
Et c’est très bien ainsi.
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