Merci Madame Ouimet.
(et un
merci à Monsieur Lagacé qui m’a permis de vous lire).
Comme disait une annonce
commerciale des années 1970, on est maintenant 8 000 000 de citoyens au Québec.
Il faudrait peut-être se parler...et j'ajouterais être adulte et arrêter de dire
n'importe quoi. Si on commençait par faire comprendre clairement à notre
gouvernement élu majoritaire de s'asseoir avec les étudiants pour se parler. Nos
dirigeants devraient savoir que la lumière ne jaillira que par la
discussion.
Et
s'ils ne sont pas capables de s'entendre avec leurs nouveaux commettants,
d'attendre les prochaines élections qui sont près d'être enclenchées de toute
façon pour débattre collectivement de ce choix de société proposé par la
nouvelle génération montante. Si leur vision s'avère irréaliste, il sera
toujours temps de se prononcer collectivement sur le
sujet.
Suite
aux prochaines élections, il y en aura sûrement qui seront capables de se mettre
en mode écoute et d'échange, et gouverner de façon responsable en s'assurant que
l'autoroute de l'éducation au Québec ne soit pas bloquée par de mauvaises
décisions irréfléchies.
Les
jours passent et on se dirige droit dans le mur de l'entêtement. Hé ho!
Réveillez-vous, Monsieur Charest, avant que l'irréparable ne se produise. L'auto
en marche est maintenant sur l'accotement. Il ne suffit pas d’avoir les deux
mains sur le volant, encore faut-il avoir les yeux ouverts. Des centaines sinon
des milliers de jeunes risquent de mettre leur avenir en péril au prix de la
bêtise. Réagissons avant qu'il ne soit trop
tard.
À
moins que tout cela ne soit prémédité depuis longtemps par les stratèges
politiques pour exploiter cette crise comme prétexte à gagner des votes aux
prochaines élections. Je n’ose croire à quelque chose d’aussi
machia...calculateur.
François Langlois
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Michèle Ouimet
La Presse |
Comme ça, des étudiants en grève
osent boire de la sangria sur une terrasse à Outremont.
C'est ce que Richard Martineau,
chroniqueur-vedette au Journal de Montréal
et à LCN, a écrit sur Twitter: «Vu sur une terrasse à Outremont, cinq
étudiants avec carré rouge mangeant, buvant de la sangria et parlant au
cellulaire. La belle vie.»
Invité dimanche à l'émission Tout le monde en parle, Richard Martineau
s'est expliqué. Ce qui est scandaleux, a-t-il précisé, ce n'est ni la sangria ni
le cellulaire, mais Outremont.
Pourquoi Outremont? La sangria s'y vend-elle
plus cher? Outremont est-il un territoire sacré que seuls les riches peuvent
fouler? Richard Martineau n'a pas développé sa pensée. «Pensée» est un grand
mot: coup de gueule serait plus juste.
Les propos caricaturaux de Richard Martineau
sont symptomatiques d'une condescendance affichée par certains politiciens et
journalistes. Le ton est paternaliste, teinté d'un brin de mépris. On traite les
étudiants d'enfants gâtés qui refusent de payer leur juste part, de futurs
médecins qui vont rouler sur l'or et qui osent demander aux travailleurs de
payer pour leur éducation. Honte à eux.
Enfants gâtés, les étudiants? Loin de là: 40%
ne reçoivent aucune aide financière de leurs parents; 80% travaillent et
étudient à temps plein; la moitié gagne moins de 12 200$ par année; les deux
tiers n'habitent pas chez leurs parents; le quart d'entre eux hériteront d'une
dette frôlant les 18 000$ à la fin de leur baccalauréat.
Ces chiffres sont tirés d'une étude réalisée
par la Fédération étudiante universitaire (FEUQ) en 2010. Personne ne les a
contestés.
Richard Martineau aurait dû potasser un peu
son sujet avant de déchirer sa chemise, mais il aurait gâché l'effet de toge de
son coup de gueule. Hé oui, des étudiants boivent de la sangria, et certains
poussent l'audace jusqu'à s'aventurer à Outremont. Avec un cellulaire, en plus.
Et alors? Ça n'enlève rien à la légitimité de leur grève. Doivent-ils s'habiller
comme des gueux pour être pris au sérieux?
Il faut en finir avec le gel, répètent les
politiciens, sauf que le gel n'existe plus depuis cinq ans. Un autre mythe qui a
la vie dure. En 2007, le gouvernement a augmenté les droits de scolarité de 50$
par semestre. Depuis, la facture est passée de 1668$ à 2168$, une hausse de 30%.
Où ça, le gel?
Québec vient de décréter une nouvelle hausse,
75% étalée sur cinq ans. Les droits vont presque doubler, grimpant de 2168$ en
2012 à 3793$ en 2017. C'est vrai que les droits ont été gelés pendant de longues
années, mais depuis 1989, ils explosent. Ils sont passés de 547$ à 2168$, une
hausse de 300%.
Le programme de prêts et bourses a été
bonifié, sauf que l'endettement, aussi, sera automatiquement «bonifié». Plus de
prêts = plus de dettes. Facile à comprendre.
De 1960 à 1990, le Québec a fait le choix de
maintenir les droits de scolarité autour de 500$. Le but: pousser les jeunes à
fréquenter l'université, chasse gardée d'une élite. Le succès est spectaculaire.
En 1962, 23 000 étudiants fréquentaient l'université. Aujourd'hui, ils sont 266
000, un bond de 1000%.
Mais les acquis restent fragiles. Il ne faut
pas compromettre ces progrès en augmentant de façon sauvage les droits de
scolarité. Une indexation, à la limite, mais 75%, c'est indécent.
Certains groupes de droite, comme les lucides
de Lucien Bouchard et CIRANO, prêchent en faveur d'une hausse différenciée des
droits de scolarité, soit une grosse facture pour médecine, droit, gestion et
autres médecine dentaire et pharmacie. Leurs arguments: ce sont des facultés qui
coûtent cher, et les futurs diplômés vont empocher de bons salaires. À eux
d'essuyer le gros de la hausse. Épargnons les petits - sociologie, philosophie,
littérature - qui, eux, hériteraient d'une hausse plus modeste.
Sauf que cette solution comporte son lot
d'effets pervers. Seuls le Québec et Terre-Neuve ont des droits égaux pour tous.
Ailleurs, c'est le fouillis. À l'Université de Toronto, par exemple, les droits
varient de 8000$ à 41 000$ par année. Qui est prêt à payer 30 000$ et plus?
L'élite de l'élite? La crème de la crème?
La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a
tourné le dos à cette solution. Une bonne décision. C'est bien la seule.
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