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mercredi 29 février 2012

Voici le texte original présenté au concours en 2011. Le concours limitant l'écriture à 600 mots maximum, le texte a été condensé.


Concours « J’ai quelque chose à dire ! » 


Catégorie « Grand public » 


Mention 


François Langlois


Mon plus beau cadeau

Pour l’anniversaire de mes 8 ans, j’ai été peu surpris de recevoir en cadeau une carte d’abonnement à la bibliothèque municipale. C’était la façon pour mon père de me dire que j’étais dorénavant assez grand pour l’accompagner lors de ses visites hebdomadaires dans ce haut lieu du savoir. J’ai été longtemps un abonné assidu à la bibliothèque de la ville. Que d’heures de plaisir savourées à parcourir ces livres aux multiples gabarits disposés sur les nombreuses tablettes en bois vernis! Chaque lecture me faisant vivre des aventures rocambolesques et tellement captivantes. 

Quels beaux moments que ceux de vivre cette complicité avec un livre ! Moments de rêverie de mon enfance, me laissant croire de brefs instants que je pouvais être fort comme Tarzan ou rusé comme Hercule Poirot. Moments magiques d’aventures qui me transportaient dans des contrées lointaines et inexplorées. Ainsi, pour peu que l’on se laisse prendre au jeu par la prose de son auteur, nous pouvons découvrir à travers les péripéties de ses acteurs, toute la beauté des régions exotiques où évoluent les personnages des histoires racontées. Quel lecteur n’a pas su imaginer la mystérieuse lande brumeuse de l’Écosse décrite dans un roman d’Agatha Christie ou encore, découvrir les paysages mythiques de la Chine traditionnelle relatés magnifiquement par l’auteure eurasienne Han Suyn! 

Quelle délectation que de s’approprier un livre ! Chaque livre étant différent en soi. Chacun ayant sa personnalité propre. On le retrouve quelques fois, gros, petit, mince, épais, et d’autres fois plus large, étroit, lourd, léger, nouveau ou ancien. Sa couverture reste unique. De couleur variée, la jaquette peut être souple ou rigide, cartonnée ou plastifiée, lisse ou rugueuse, agrémentée d’une écriture imprimée en aplat, gravée ou bosselée. Et que dire de la puissance subtile de son odeur qui, à elle seule, peut nous faire revivre des souvenirs que l’on croyait perdus, enfouis à jamais dans notre mémoire ? Car les livres ont du vécu qui se découvre par l’odorat. Prenez un livre dans vos mains et humez-le, tel un bon vin. Ouvrez l’ouvrage et faites ventiler doucement les pages entre votre pouce et l’index. Il s’y dégagera une odeur d’encre nuancée en fonction du type de papier servant de support à l’écriture, du temps et du lieu de son entreposage. La souplesse de ses pages changera en fonction de la qualité du papier utilisé dans sa fabrication, de son âge ainsi qu’à l’humidité de l’air ambiant dans lequel il aura reposé. 

Bien sûr, le livre n’est qu’un support en soi. Mais, il s’est affirmé à travers les siècles comme témoin privilégié de l’accumulation du savoir du genre humain. Tel que nous le connaissons, le livre a un peu moins de 600 ans d’âge. 

Tout dernièrement, les bouleversements sociétaux occasionnés par l’arrivée de l’ordinateur ont eu comme conséquence la mise en marché d’un nouveau support en format numérique qui semble s’implanter inexorablement dans notre vie de tous les jours. Cette nouvelle révolution technologique facilitera très certainement une plus large diffusion de nos connaissances et de l’information à l’ensemble des habitants de la Terre, notre nouveau village global. Nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais ce média ne pourra jamais remplacer le livre, tout comme le livre a rendu désuet son ancêtre le codex, forme d’expression littéraire composée de pages reliées du IVe siècle. Car il faut bien le dire, le caractère technique, froid et impersonnel du format numérique, quoique convivial et indéniablement utile à notre civilisation contemporaine, ne saura à jamais dégager autrement que mécaniquement la chaleur ressentie de l’osmose intime, quasi viscérale, entre le livre et son lecteur. 

Et c’est très bien ainsi.

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