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jeudi 29 mai 2014

Lutte aux écoles clandestines: Québec manque de moyens légaux, admet le ministre Bolduc


À la lecture de l'article, on peut entrevoir une certaine volonté de la part du ministre de travailler pour assurer «que ces enfants-là reçoivent l'éducation nécessaire». Par ces propos, on peut détecter que M. Bolduc ne maîtrise pas encore à fond ses dossiers. Mais peut-on lui reprocher, compte tenu de l'énormité de la tâche. Le texte explique aussi sa volonté d'assurer que les actions requises soient entreprises afin que le dossier débloque. Il demande du temps afin de permettre que les consultations et les analyses par les autorités concernées (ministères de la Santé et des Services sociaux, de l'Éducation et de la Justice, Régie de l'assurance maladie du Québec) puissent être mis à profit pour permettre d'agir à l'intérieur d'un cadre légal. D'accord, il demande de la «tolérence à l'égard des établissements détenant un permis mais qui contreviennent aux normes en vigueur.» Mais il prend la peine de spécifier «avoir un élément temporaire de tolérance de façon à ce qu'elles puissent se conformer.» À nous de le suivre à la trace afin de s'assurer que le dossier avance. Tant qu'à moi, c'est la job des journalistes, entre autres. Alors, oui il y a problème. Non, il n'y a pas péril en la demeure. Et seule une volonté inébranlable et un courage certain pourra aider à résoudre la problématique. On pourrait peut-être donné la chance au coureur, non?




La Presse canadienne
QUÉBEC - Québec n'a pas «tous les outils légaux» pour lutter contre les écoles clandestines, a reconnu jeudi le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc.
Faute de renseignements, le ministre ne connaît même pas le nombre d'enfants qui sont inscrits dans ces établissements illégaux.
En point de presse à Québec, M. Bolduc a réitéré sa volonté d'agir pour fermer les écoles qui, dans l'ombre, enseignent sans respecter le régime pédagogique québécois. Mais il faudra patienter «quelques mois», a-t-il dit, le temps de dresser un portrait précis du phénomène.
«Il y a des choses à faire. La problématique c'est qu'on n'a pas nécessairement tous les outils légaux pour le faire», a avoué le ministre à l'issue de la période de questions à l'Assemblée nationale.
M. Bolduc a indiqué qu'un comité interministériel, formé des ministères de la Santé et des Services sociaux, de l'Éducation et de la Justice, avait été mis sur pied pour déterminer les moyens légaux à prendre afin d'éliminer les établissements clandestins. Une collaboration avec la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) est envisagée pour recenser le nombre d'enfants sur le territoire québécois et déterminer, par recoupage, combien d'entre eux échappent au régime pédagogique.
«Pour être capable d'avoir accès au registre des enfants qui sont ici au Québec, on pourrait avoir une collaboration entre le ministère de la Santé et la RAMQ de façon à savoir que les enfants qui sont au Québec, qui ne sont pas dans nos écoles, sont peut-être dans des écoles illégales ou à la maison où ils ne reçoivent pas l'éducation nécessaire. Faut valider ça, respecter la confidentialité», a-t-il dit.
Pour l'instant, «on n'a pas accès à ces données», a précisé le ministre.
Une fois ces informations recueillies, le gouvernement agira pour que les enfants maintenus en marge du système reçoivent l'éducation à laquelle ils ont droit, a assuré M. Bolduc.
«On va avoir une approche très rigoureuse de façon à ce qu'on soit capable d'aller les détecter (les enfants) et une fois qu'on les a détectés, on va s'organiser pour que ces enfants-là reçoivent l'éducation nécessaire», a-t-il déclaré.
S'il entend fermer les écoles illégales, M. Bolduc plaide pour la tolérance à l'égard des établissements détenant un permis mais qui contreviennent aux normes en vigueur. Selon lui, il est préférable de maintenir le dialogue plutôt que d'entrer «en conflit avec certaines communautés», religieuses ou non.
«Avec eux autres, il faut avoir un élément temporaire de tolérance de façon à ce qu'elles puissent se conformer. Vous allez me dire: 'oui mais ça fait des années' (qu'elles enseignent sans se conformer aux normes), mais là, je travaille avec eux, je rencontre les communautés», a-t-il dit.
En Chambre, la députée caquiste de Montarville, Nathalie Roy, a dénoncé l'inaction du gouvernement. Depuis des années, «des écoles privées à caractère religieux» ne respectent pas le régime pédagogique, et les gouvernements — tant péquistes que libéraux — n'ont jamais été capables d'enrayer le phénomène, a-t-elle fait valoir.
Elle a cité en exemple le cas de l'académie Beth Esther, à Montréal, qui poursuit ses activités sans permis depuis un an.
«Et ce n'est pas la seule», a lancé la députée sur la foi d'informations diffusées ou publiées dans les médias.
«On parle d'un dossier qui remonte à 2006. Le gouvernement libéral va encore pelleter le problème par en avant en créant un autre comité», a-t-elle pesté.

mercredi 28 mai 2014

Les taxes scolaires pourront être haussées








Les taxes scolaires pourront être haussées



Éducation publique: la renaissance et l'espoir

Historien et citoyen


«Si c'est vrai que la CSDM n'a plus les ressources nécessaires pour octroyer une éducation de qualité aux écolières et écoliers montréalais, il faut qu'elle lutte farouchement pour obtenir plus de financement du gouvernement québécois. Pas qu'elle obéisse aveuglément et froidement aux dictats de Québec. On ne réussira jamais à me convaincre que nous ne sommes pas assez riches au Québec pour offrir une éducation gratuite de qualité aux jeunes de 4 à 17 ans.»

BLOGUE Éducation publique: la renaissance et l'espoir: http://quebec.huffingtonpost.ca/louis-raphael-pelletier/education-publique-la-renaissance-et-l-espoir_b_5393091.html

samedi 17 mai 2014

Congrès des commissions scolaires: un «luxe inadmissible», fustige Coiteux





Réunis en congrès au prestigieux Château Montebello, les directeurs généraux des commissions scolaires s'offrent un luxe inadmissible, fulmine le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux.
En entrevue vendredi à La Presse Canadienne, le grand argentier de l'État a sermonné les quelque 150 dirigeants des commissions scolaires qui, depuis le milieu de la semaine et jusqu'à samedi, sont réunis toutes dépenses payées dans le décor bucolique de la campagne outaouaise.
«Je fais appel à leur bon jugement, je fais appel aux directeurs aussi pour qu'ils comprennent que l'effort qui est demandé est un effort qui est demandé à tous, y compris les commissions scolaires», a-t-il déclaré.
Pendant que le gouvernement gratte les fonds de tiroir et cherche à réduire ses dépenses, les directeurs des commissions scolaires se comportent, selon le ministre, comme s'ils étaient au-dessus de la mêlée. Golf, souper contes et légendes, cocktail, prestation d'un humoriste, conférences diverses et soirée de gala figurent au menu de l'événement intitulé «Un congrès à faire rêver». Le coût d'inscription frôle les 600 $ et est remboursé par les commissions scolaires.
«Il y a des dépenses ici qui paraissent clairement exagérées. Il y a certainement moyen de faire des activités de formation qui se font à meilleurs coûts et qui vont être bien mieux acceptées et comprises par les Québécois», a soulevé M. Coiteux, invitant les dirigeants des commissions scolaires à s'arrimer sur la réalité contemporaine.
«Il y a peut-être des pratiques ici qui sont héritées d'un passé où les gens portaient une attention moindre, mais c'est le genre de situation qu'on juge qui ne doit plus se produire. Ces choses-là sont inacceptables, on demande des efforts à l'ensemble des ministères et des organismes et on s'attend à ce que les commissions scolaires travaillent dans le même sens que l'ensemble du secteur public au Québec», a-t-il déclaré.
Bien qu'autonomes, les commissions scolaires font néanmoins partie «du grand secteur public» et à ce titre, elles doivent aussi «mettre l'épaule à la roue», a insisté le président du Conseil du trésor.
«Elles doivent s'imposer ces exigences de rigueur, et donc de choix dans la façon de dépenser l'argent», a-t-il dit.
Au cas où l'information aurait échappé à certains gestionnaires de fonds publics, M. Coiteux a rappelé que le Québec était confronté à une impasse budgétaire de 3,7 milliards $ à résorber.
«Cest sérieux. Si on ne faisait rien cette année, en 2014-2015 on aurait un déficit qui dépasserait les 5 milliards $. Dans ce contexte-là, on prend des décisions difficiles», a fait valoir le ministre.
Le gouvernement Couillard a amorcé un exercice de révision des programmes et entend mener un exercice similaire pour la fiscalité. La réflexion sur la gestion des fonds publics «implique l'attention, l'effort, la participation de tout le monde, y compris des directeurs des commissions scolaires», a noté M. Coiteux.
Outrée par les dépenses des commissions scolaires, la Coalition avenir Québec (CAQ) a invité plus tôt cette semaine le gouvernement à saisir l'occasion qui se présente avec le dépôt prochain du budget pour «questionner» l'avenir «de cette imposante et inefficace structure».
Il n'a pas été possible vendredi de contacter un porte-parole des directeurs généraux.

mercredi 14 mai 2014

Comment enseigner quand on a du mal à écrire?




PHOTO ÉRICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL



LOUISE LEDUC  La Presse
Pour corriger les messages aux parents ou aux autres enseignants, j'utilise tout le temps mon ordinateur portable et le logiciel Antidote. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Je pense même que c'est grâce à ce logiciel que j'ai passé mon bac. Je l'utilise tout le temps quand je corrige et quand j'écris.»

C'est là l'une des perles contenues dans une étude de Geneviève Carpentier présentée cette semaine au congrès de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS).
Menée auprès d'enseignants débutants du primaire, cette recherche met en lumière le sentiment d'insécurité qui les habite quand ils écrivent au tableau ou quand ils envoient des messages aux parents.
Mme Carpentier, chargée de cours à l'Université du Québec en Outaouais, insiste sur le fait que son étude ne prétend aucunement être représentative des compétences en français des enseignants du Québec en général, mais qu'elle vise plutôt à documenter les effets au quotidien d'une piètre maîtrise de la langue.
Questionnaires
Dans un premier temps, des questionnaires ont été envoyés à tous les enseignants débutants de trois commissions scolaires. Quarante-quatre enseignants âgés de 20 à 30 ans l'ont rempli, sur une base volontaire.
Dans un deuxième temps, des entrevues plus poussées ont été réalisées avec 11 des enseignants de l'échantillon qui disaient éprouver des difficultés à écrire sans faute.
Environ la moitié des 44 enseignants sondés, peut-on lire, ont du mal à écrire, et ce, bien qu'ils aient tous été acceptés au baccalauréat et qu'ils aient tous réussi l'examen de français obligatoire imposé aux étudiants en enseignement ou son équivalent, fait remarquer Geneviève Carpentier.
«Quatre enseignantes, peut-on lire, ont fait le lien entre l'obtention de leur diplôme et le logiciel Antidote. Une de ces enseignantes mentionne ceci: «Les travaux en équipe et les très rares examens écrits [à l'université] m'ont permis de me faufiler sans souci».»
«Mes amies ne veulent pas aller au troisième cycle parce que la gestion de classe est trop difficile. Moi, je suis vraiment bonne là-dedans, mais je ne veux pas leur enseigner parce que je ne suis pas assez bonne en français.»
Une enseignante sondée par la chercheuse Geneviève Carpentier 
Insécurité
Ce qui ressort clairement de cette étude, c'est l'insécurité criante des enseignants dès qu'ils ont à écrire et leur crainte de perdre toute crédibilité s'ils font des fautes.
À deux reprises, a illustré l'une des enseignantes, un parent a encerclé au crayon des fautes contenues dans le petit message qu'elle lui avait transmis la veille.
«Les deux fois, j'ai tellement pleuré parce que je me sentais tellement mal et que j'avais peur que les parents fassent une plainte à la direction. [...] Chaque fois que le directeur veut me voir, je me demande si c'est ça.»
Les 11 enseignants ayant été retenus pour les entrevues semi-dirigées en raison de leurs lacunes ont d'ailleurs tous dit que «les messages aux parents sont une grande source de stress».
Au lieu d'écrire un petit mot aux parents et de risquer de faire des fautes, neuf d'entre eux ont expliqué qu'ils préféraient leur téléphoner.
D'autres conservent dans leurs ordinateurs des banques de messages génériques (trouvés ou pas sur l'internet).
Ce qui a le plus surpris Geneviève Carpentier, c'est d'entendre des enseignants lui dire à quel point ils n'aiment pas écrire. «Comment peut-on se lancer dans cette profession sans savoir qu'une grande partie de la journée est passée à le faire?»
En classe, les enseignants qui se savent faibles en français passent beaucoup de leur temps à vérifier discrètement l'orthographe de certains mots sur leur iPhone. «Les élèves s'en rendent compte, surtout les plus vieux, ils le voient bien que je cherche certains mots sur mon cellulaire. Ça mine ma crédibilité.»
Le cours de leur carrière s'en trouve souvent touché. «Mes amies ne veulent pas aller au troisième cycle parce que la gestion de classe est trop difficile. Moi, je suis vraiment bonne là-dedans, mais je ne veux pas leur enseigner parce que je ne suis pas assez bonne en français», dira l'une.
«Admettons que je fais une faute dans un participe passé au tableau, dira une autre, je sais que ce n'est pas super, mais [mes élèves de 1re année] ne s'en rendront pas compte, c'est moins pire que si j'étais en 5e ou en 6e année.»
Formation universitaire critiquée
Fait à noter, écrit Geneviève Carpentier, les participants à l'étude ont souvent été critiques envers leur formation universitaire. S'ils ont dit qu'ils auraient aimé suivre un cours de trois crédits sur la grammaire, ils ne sont pas enclins «à participer aux formations gratuites demandant un engagement supplémentaire de leur part».
La grande question, c'est de savoir comment ces enseignants qui reconnaissent avoir de grandes lacunes ont pu accéder à la profession. «Nous devons remettre en question la capacité du TECFÉE [l'examen de français obligatoire soumis aux étudiants en enseignement] à agir comme filtre afin de s'assurer que tous les étudiants qui le réussissent ont vraiment le niveau de compétence scripturale nécessaire pour enseigner.»